Avez-vous déjà aidé quelqu’un et ça s’est terminé par une relation toxique, une déception ?
Ou au contraire une relation qui a été poursuivie et qui continue et apporte des sentiments sécurisants qui font partie de la vie ?
Au contraire, quelqu’un qui faisait partie de votre vie et qui a un problème qui lui pèse et vous lui proposez de lui fournir les moyens de se sortir du pétrin. Ou bien il vous demande une aide. Quels sentiments cela fait naitre en vous ?
Quand il s’agit d’une relation personnelle, c’est une sorte de sentiments qui s’impose.
Quand ces phénomènes font partie d’une mission professionnelle et que vous dépendez aussi du besoin des autres de trouver une aide dont vous êtes le dispensateur, mais aussi le gestionnaire devant l’état ou une institution, la gamme des ressentis est encore différente, plus large peut-être, ou plus conditionnée ?
Comment penser ces situations et leurs nombreuses variantes , pour panser les blessures émotionnelles qu’elles génèrent chez soi, chez l’autre ? Au-delà de la description des situations, étape indispensable, comment en discerner le sens ?
Le détour par l’exercice philosophique peut éclairer l’expérience et ouvrir une évolution.
Ces deux notions que l’on confond tellement elles sont proches et résonnent dans notre relation à l’autre, relation intime ou sociale : Aider ou accompagner
Aider nous dit le dictionnaire, c’est appuyer en apportant son aide, donner les moyens d’une action.
Accompagner c’est Se joindre à quelqu’un pour aller où il va en même temps que lui.
« Quand tu accompagnes un ami dans la montée, accompagne le aussi dans la descente » dit un proverbe des hommes du désert.
Que vous alliez vers lui ou qu’il vienne à vous, il s’agit d’abord de le rejoindre là où il est intérieurement, le rencontrer.
Rogers insiste sur « la qualité de la rencontre interpersonnelle »
L’énigmatique « Wo es war, Soll ich werden » de Freud convoque l’autre et « cela » qu’il est.
Ricoeur désigne la sollicitude dans « Soi-même comme un autre ». Celui là qu’il appelle le « socius », le prochain, dans le besoin avec lequel je suis « en société »?
L’inévitable commandement dans la Bible « aime ton prochain comme toi-même », jusqu’où a-on envie de dire, tellement notre expérience du rapport à l’autre nous limite ?
« Aide toi, le ciel t’aidera » semble la réponse qui nous dédouane de l’au-delà de nos force ou de notre amour.
Les implications sociétales s’impose dans la vie d’un pays. En grand sage qui n’abdique pas sa part de responsabilité, Michel Rocard a marqué son temps avec cette maxime « La France ne peux pas accueillir toute la misère du monde, mais elle doit savoir en prendre fidèlement sa part »
Tous ces échos posent la Problématique de l’intention, de l’initiative, de la responsabilité … pourquoi, de qui, pour qui, jusqu’où ?
Peut-on accompagner sans apporter une aide ?
De quelle nature est cette aide ?
Que requière à l’intérieur de soi d’accompagner ou d’aider quelqu’un ? Sur son chemin ? même s’il fait fausse route ? ou faut-il lui indiquer la bonne route ou l’aider à choisir et prendre la bonne route ? Et n’y a-t-il pas le risque de projeter ce que l’on considère de bon, qui ne l’est peut-être pas pour l’autre en question, ni dans son quotidien, ni dans son existence ou sa destinée ? D’aucun dirait son karma ?
Écoutons Paul Ricoeur « Personne ne peut aider sincèrement quelqu’un sans s’aider soi-même : c’est l’une des plus belles compensation de la vie »
Des questions fortes émergent : Assume t-on les conséquences d’une aide ? de ses effets perçus, avant, pendant, après avoir agi pour aider? Et puis de façon pragmatique…. quoi, jusqu’où, comment assumer les conséquences ?
Quelqu’un dans le besoin : comment, par qui , pourquoi est-ce un besoin évalué, exprimé, demandé, imposé ? ou ressenti par soi-même et projeté sur la situation de l’autre ?
Qui est responsable et de quoi ? Ne serait-ce pas plus juste de dire, comme le lion de la fable africaine au singe prisonnier de sa main remplie de cacahuètes, qui ne peut pas sortir du pot car il ne veut pas lâcher les cacahuètes « Je voudrai bien t’aider à t’en sortir, montre moi le chemin par lequel tu y es rentré ? »
Suivons Ricoeur et regardons déjà en nous-même :
Qu’est ce qui en nous incite à faire place à l’autre ? Parfois à faire à la place de l’autre ?
… quelle éthique : si pas de référence par la loi, quelle position prends le JE,
… comment gérer la relation ? De l’amour à la déception, à la haine… ou au contraire à l’union qui fait la force ?
… qu’est ce qui est indispensable ?
que révèle de moi, de l’autre, la relation d’aide ?
Quel choix nous appelle ? et dans ce cas qui est-on ?
Le Rabin Bilhel cité par Viktor FRANKL, fondateur de la logothérapie a dit : devant une situation où une action est requise :
Si je le fais pas qui le fera ?
Si je ne le fais pas maintenant, quand cela sera-t-il fait ? Sera-t-il trop tard ?
Si je peux le faire et que je ne le fais pas, qui suis-je ?
« Oui, direz-vous, mais je ne suis pas tout puissant »
Assurément ! Alors jusqu’où aider ? aux limites de soi ; quelles sont-elles ? en suis-je conscient ? L’ais-je annoncé à l’autre ?
La question se pose du pouvoir sur l’autre, de la dette, de la culpabilité d’avoir été aidé qui pousse jusqu’à l’obsession de vouloir rendre la pareille. Suis-je redevable de l’aide qu’on m’a apporté ? L’autre m’est-il redevable de l’aide que je lui ai apporté ?
Car en effet, aider implique t-il une dette de celui qui est aidé, et un pouvoir de celui qui aide ? L’obligation de restitution ou de reconnaissance est-elle inhérente à la relation d’aide ? Quand il s’agit d’accompagnement, cette « dette » est -elle de même nature ?
Accompagner crée-t-il une dette ? Ou bien, à condition que ce soit annoncé tel, se tient-on, dans l’accompagnement, dans une juste proximité, évitant de heurter l’autre qui ne l’a pas forcement demandé, tout en état présent à ses côtés ?
Devant qui prendre la responsabilité, donc rendre des comptes ? Soi, l’autre, la société, plus grand que soi ?
Les situations de vie concrètes sont très nombreuses : faits divers, histoires personnelles… nécessiteux, victimes…
En conclusion, une invite au dialogue
Des mots clé sur lesquels rebondir : Aide, écoute, empathie, sollicitude, pardon, réciprocité, autonomie, projection, obligé ou partenaire, consolation, intention, attention, accompagnement, sens, but…
Aide : physique, émotionnelle, sociale, financière, spirituelle, symbolique…
Accompagner : physiquement, émotionnellement, financièrement, spirituellement symboliquement…
Est-ce la même démarche ? La même signification ?
Peut-être bien que l’un ne va pas sans l’autre :
Donnons le dernier mot à Paul Ricoeur selon qui le sens, la visée de l’aide et de l’accompagnement est « la visée (éthique) de la vie bonne, avec et pour les autres, dans des institutions justes »
Et vous, qu’en pensez-vous ?
Si vous êtes interpellé par cette question, la formation PRAL Praticien de la Relation d’Aide fondée sur la Logothérapie peut susciter votre intérêt.
Rendez-vous pour en savoir plus sur le site www.euroformation.fr
V. HUSSER, président de l'ALF
24/09/25
Écrire commentaire